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La coconstruction est non négociable
La coconstruction est non négociable

La Presse

time22-07-2025

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La coconstruction est non négociable

Le lac Kénogami, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, est entouré de forêts dont l'aménagement fait l'objet de discussions, notamment en ce qui concerne la refonte du régime forestier. Les Premières Nations suspendent leur participation à la table de concertation de haut niveau sur la refonte du régime forestier, annonce l'auteur, qui dénonce le refus de s'engager du gouvernement du Québec Francis Verreault-Paul* Chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador En date du 22 juillet 2025, l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador constate que bien que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts ait soutenu publiquement vouloir ouvrir un dialogue de gouvernements à gouvernement avec les Premières Nations en vue d'éventuels amendements majeurs au projet de loi 97, elle persiste à refuser de s'engager de manière claire et formelle sur un processus adéquat. Ainsi, nous nous retrouvons dans l'obligation de suspendre, avec effet immédiat et jusqu'à nouvel ordre, notre participation à la table de concertation de haut niveau. Cette décision reflète notre position ferme : sans reconnaissance concrète de nos droits et sans volonté réelle de coconstruction, il s'agit d'une démarche que nous ne pouvons pas cautionner. En début d'année 2025, nous avions clairement exprimé notre volonté de travailler à la coécriture du nouveau régime forestier. À cet effet, nous avions formellement demandé la mise en place d'une table de haut niveau qui nous permettrait de participer en amont à son élaboration. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, en conférence de presse, le 23 avril dernier Or, à notre surprise, la ministre Maïté Blanchette-Vézina a procédé le 23 avril au dépôt du projet de loi 97, loi visant principalement à moderniser le régime forestier, un projet de loi dont les fondements mêmes sont inacceptables, tant par les atteintes qu'il porte à nos droits que par les menaces qu'il fait peser sur l'intégrité écologique des territoires forestiers. Nous avons à ce moment néanmoins accepté, dans un esprit d'ouverture, de participer de bonne foi à la version de « table de concertation de haut niveau » proposée par le gouvernement dans l'espoir qu'elle évolue vers un espace permettant une véritable coconstruction. Les deux rencontres qui ont eu lieu en mai visaient, en ce sens, à établir formellement les termes et objectifs clairs qui guideraient les échanges à cette table. Pourtant, en dépit de l'ouverture montrée publiquement par Maïté Blanchette-Vézina, son ministère a refusé de prendre un engagement sur trois éléments de base que nous avons identifiés comme essentiels à l'établissement d'échanges fructueux : 1. Le respect de nos droits ancestraux et issus de traités, reconnus par la Constitution canadienne et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, notamment en matière de gouvernance et de développement économique ; 2. La mise en place d'une véritable cogestion des forêts, de gouvernements à gouvernement, et non une délégation administrative décidée unilatéralement par l'État ; 3. Le retrait complet du zonage d'aménagement forestier prioritaire, incompatible avec nos droits et dénoncé par une majorité d'experts. Ces éléments ne sont ni idéologiques ni symboliques. Ils représentent les conditions minimales de conformité au droit, et les fondations indispensables d'un processus crédible. D'ailleurs, le principe de zonage, qui est au cœur du projet de loi actuel, ouvrirait la voie à une forme de privatisation du territoire. Ce principe est largement critiqué – non seulement par nous, mais aussi par la communauté scientifique, des organismes de conservation et plusieurs acteurs du milieu forestier. Ce refus de dialogue sur un enjeu aussi central révèle de manière flagrante une absence de volonté politique réelle d'ouvrir la voie à la collaboration. Nos droits ne sauraient être restreints à des activités de nature domestique, rituelle ou sociale, comme le propose actuellement le projet de loi. Ces visions sont loin de refléter réellement la définition de « gouvernements à gouvernement ». Depuis plus de 40 ans (en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982), le gouvernement du Québec a l'obligation d'appliquer pleinement les droits des Premières Nations et a, en ce sens, le devoir de se conformer au principe d'honneur de la Couronne. En refusant de s'engager sur des principes aussi élémentaires, la ministre ferme la porte à un dialogue réel. Elle nous oblige à suspendre notre participation à la table, sachant que nous ne pouvons participer à un processus qui ne reconnaît pas notre statut et nos responsabilités en tant que gouvernements des Premières Nations. Nous restons ouverts au dialogue afin de trouver un réel équilibre pour assurer la pérennité de la forêt pour tous. Nous continuerons de collaborer étroitement avec la société civile. Mais cette table politique ne pourra reprendre que lorsque les conditions d'une relation de bonne foi, de gouvernements à gouvernement, seront véritablement réunies. * Les autres cosignataires sont Lucien Wabanonik, chef du Conseil de la Nation Anishnabe du Lac-Simon, Lance Haymond, chef du Conseil de la Première Nation de Kebaowek, Sipi Flamand, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Jonathan Gill-Verreault, vice-chef du Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

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